Bougnoulosophia !

Les outrances du Bougnoulosophe sont l’exactes répliques, calibrés au millimètre près, proférées à la juste hauteur des outrances réelles du monde. Il n’est pas question d'en nier le caractère outrancier ; « outrance » n’a de sens que selon la mesure que l’on prend de l’efficacité possible d’un mot - là réside la vraie magie du mot, sa poésie concrète. Il n’y a d’outrance qu’au regard du réaliste, ce couard qui dit devoir raison gardée ad vitam aeternam. Outrances donc, et outrance assumée. Outrage en réponse aux outrages, attentats en réaction aux attentats permanents de l’état de choses. Leur nécessité n’est pas contestable, elle est même légitime. Pourtant, on le sait, les peuples opprimés, s’ils se révoltent, s’entendent-ils condamner de toutes parts. On leur reproche les outrances dans lesquelles ils ne peuvent pourtant pas éviter de donner, sauf à renoncer à faire un seul pas en direction de leur liberté. Certains y renoncent pourtant, le premier pas étant le plus difficile… Étrangement, mais l'étrangeté n'est que de façade, les outrages et outrances de l’oppresseur, eux, ne sont jamais perçus comme scandaleux. Il est vrai qu’ils ne sont pas nouveaux. Ils font autant partie de l’ordre du discours que de celui du monde. Ils sont la réalité du monde dans toute sa stupide et suffisante inertie. Ils sont ce qui existe déjà, et voudraient exister pour l’éternité en toute iniquité. Car l'ordre des choses est un ordre de bataille... Ainsi, qui condamne ces outrances ? Serait-ce ceux qui se rangent du côté de l’état de choses établi ? Consciemment ? Inconsciemment ? Par erreur ? Par illusion ? Par pessimisme ? Par bêtise ? Par paresse ? Par fatigue ? Par acceptation béate ? Par lâcheté ? Par haine ? Par amour illusoire du perpétuel, même quand il est injuste? Je ne sais pas... Ce que je sais : malheur à celui par qui vient le scandale, peut-être, mais malheur surtout à celui qui se croit libre sans l’être, car il met au tombeau sa liberté - sa dignité - et celle de ses compagnons d’infortune…

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