Tout cela n'est que de l'humour...

On lit des fois, chez Wikipédia, d’intéressantes contributions, qui éclairent l’actualité d’une lumière nouvelle. C’est le cas, par exemple, de celle qui narre que les auteurs des illustrations – et autres infectes « œuvres » - antisémites du Moyen-Âge ne dédaignaient point d’user du « thème du cochon », qui visait « à humilier », puisque, dans la religion juive, « le porc est considéré comme un animal impur et interdit à la consommation selon les lois de la cacherouth ».

 On lit là que les productions de ces caricaturistes remplissaient « trois fonctions principales ». Il s’agissait, d’abord et « cela supposait déjà des préjugés anti-Juifs chez le spectateur », de « livrer les Juifs à la dérision de la population, tout en faisant allusion à leurs soi-disant comportements typiques ».

 Mais aussi – deuxièmement - de « stabiliser ces préjugés en les limitant envers les Juifs », et d’«encourager de façon indirecte des actions contre ceux-ci ».

 Et encore, troisièmement : d’« attaquer les Juifs eux-mêmes dans leur propre image religieuse de soi et les blesser intérieurement ».

 À cette fin : « Ces caricatures grossières représentaient une intimité entre l’animal et les personnes avec fréquemment des phénomènes de sécrétions et de digestion, visaient une calomnie efficace par une aggravation extrême et symboliquement réduite du message "typique" à faire passer ». De telle sorte que : « L’obscénité des images conduisait le spectateur à un sentiment de dégoût, de honte et de haine. Ceci avait pour but de dénigrer en public les fidèles de la religion juive de façon particulièrement humiliante, et à les exclure de la communauté des humains. »

 Cette imagerie médiévale montrait, dans la plupart des cas – il convient d’y insister un peu –, « un cochon en contact intime avec des gens. Les figures humaines » étaient « très identifiables » et portaient « des indices permettant d’identifier les Juifs, tels que le chapeau juif de l’époque ».

 Dans certaines de ces représentations : les Juifs caricaturés chevauchaient un « cochon à l’envers, avec le visage tourné vers l’anus de » l’animal, « et recevant en plein visage l’urine qui gicle ». Dans d’autres variantes : « Ils enlaçaient et embrassaient le cochon ». Ainsi, « pour le spectateur, l’image suggérait que les Juifs, en faisant ces choses repoussantes, n’étaient plus des êtres humains, mais d’une espèce voisine de celle du cochon. Cela leur déniait la dignité d’homme. »

 Par la suite – dans de plus tardives époques : la tradition de ces abjectes caricatures s’est renforcée. Et bien sûr : les nazis l’ont perpétuée - dans les pages, notamment, de l’hebdomadaire Der Stürmer, qui ne dédaignait point d’user, pour mieux diffuser son venin antisémite, de la « pornographie » et des « caricatures ». Aujourd’hui, ces atrocités tombent évidemment sous le coup de la loi, qui les punit sévèrement (1). Mais heureusement, il reste les musulmans : ça serait quand même dommage, que Charlie Hebdo ne puisse plus faire d’humour…

Sébastien Fontenelle

2 commentaires:

Cyril a dit…

omme dans toutes les affaires dont "l'évidence est évidente", le paysage médiatiquo/politique français contourne bien soigneusement le débat et ce par un procédé à plusieurs étages
.Le choix des expressions comme "Liberté d'expression", "Blasphème", "salafiste" dont la fonction est d'exactement de semer le débat de "concepts verrous" en quadrillant, jalonnant, limitant ce qui pourra être dit afin de forcer la conclusion.
.Une fois le débat ainsi quadrillé , développer autour de ces thématiques en invoquant l'Histoire et en rappelant leur intangibilité. On autorise Charlie Hebdo au nom de la République, concept bouclier.
Ceci étant, c'est une opération qui pourrait s'avérer très risqué si les protagonistes du débat n' osaient tout simplement utiliser ses mêmes "concepts bouclier" en les retournant contre Charlie Hebdo, ce qu'ils ne font JAMAIS comme c'est étrange.
On pourrait ainsi imaginer un T Ramadan rebondir sur la Liberté d'Expression en nous disant qu'elle souffre d'exception (condition essentielle à l'avènement d'une liberté justement) comme par exemple l'interdiction de remettre en cause La Shoah ou de proférer des insultes racistes qui est une véritable limitation de la Liberté d'Expression pour les gens concernés..
On pourrait aussi invoquer la Raison d'Etat, les troubles à l'ordre public, la mise en danger de la vie des otages détenus au Mali etc etc engendrés par ses caricatures qui justifieraient une interdiction. Et tout cela en ne quittant jamais le champ historico juridique que nous dessine les protagonistes de la Liberté d'Expression.
Rien de tout cela, rien , débat truqué???

Cyril a dit…

J'ajouterais que l'utilisation du terme de caricature même est déjà un verrouillage du débat à deux niveaux:
Niveau de la dénotation: une caricature consiste à forcer, exagérer un trait physique/ caractère d'un personnage en le faisant passer pour dominant (procédé métonymique) ce qui n'est absolument pas le cas en l'espèce. On ne force rien on insulte.
Niveau de la connotation: l'utilisation du terme caricature entraîne dans son sillon sémantique , les mots liberté d'expression, impertinence journalistique, vérité qui fâche, bigots etc .

Comme on le voit, l'utilisation même de ce mot obéit à des considération rhétorico-stratégiques.
Il suffit pour s'en persuader d'utiliser d'observer la réaction des soutiens à Ch Hebdo si nous utilisons le mot insulte. La première chose qu'ils feront sera de dire "ce ne sont pas des insultes mais des caricatures". Soit, ce ne sont DONC pas des caricatures.